Un petit homme et son grand voyage

Il est venu. —Je suis actuellement au Station Morse! —Alors, je vais te chercher tout de suite! On avait échangé quelques messages vagues et Rich m’a dit qu’il est français, et pas très organisé, après tout. Mais on s’est finalement rencontrés et il s’est bien installé chez moi, Tylay, mon premier hôte de couchsufing.

Rich et moi, un américain et un chinois, avons tant de plaisir de l’accueillir. La vie, pour nous, est belle, mais il s’agit de même des problèmes à résoudre et nous n’avons même pas d’assurance médicale car nous deux ne travaillons pas à temps plein. L’arrivé de Tylay nous rappelle qu’il y a d’autres façons de vivre collectivement, sans la brutalité du capitalisme néolibéral des Etats-unis ou l’esclavage économique d’Asie. Pour des raisons pratiques, je ne peux plus trop éloigner de la moitié de ma vie connue soit à Hong Kong soit aux Etats-unis, et c’est la même pour lui, hors de Chicago, Washington, et Taïwan, l’idée de partir à zéro sans famille reste irréalisable. Néanmoins, on n’oublie jamais que le monde est grand, et sans doute il y aura un jour où on pourra franchir toutes les frontières, et une vie commune imprévisible nous attend.

Le premier soir je l’ai emmené à Superdawg, et Tylay n’a non seulement trouvé un porte-clés uniquement Chicago (il en achète un pour chaque étape, comme il l’a promis à son ami), mais a aussi été impressionné par l’architecture retro de ce restaurant Drive-in. Si on fait une liste des expériences authentiques de Chicago, Superdawg sera certainement inclus avec Signature Room et l’Institut d’Art. J’ai pris mon trépied pour que nous puissions prendre cette géniale photo prise au crépuscule. Tylay a nommé une brochette asiatique, et il a raison, car nos parents sont nés hors de l’Occident—l’Indonésie, le Cambodge, et la Chine, mais on a grandi dans trois coins du monde, une colonie britannique en Chine, Bordeaux, et le grand « village » de Skokie dans la banlieue, séparés par des fuseaux d’horaire, des langues, et des sociétés très distincts. Ceci n’est-il pas le sujet de ma thèse doctorat? Il nous faut considérer le pays d’accueil en tant que l’influence primaire et fondamental dans la vie des immigrés. Dans l’imagination diasporique, l’identité culturelle ou la couleur de la peau ne suffissent jamais pour une bonne explication de l’expérience esthétique. Malheureusement, l’académie américaine a du mal à le comprendre.

Il se trouve actuellement dans une petite ville en Oklahoma. Il a toutes ces idées préconçues de l’Amérique, comme celles sur la route historique 66, et je me demande qu’elles existent encore, mais de tout façon, même si il aura des déceptions, je lui souhaite bon voyage et bonne découverte. C’est pour cette raison qu’on réalise un tel projet, ou passer un an précieux pour faire un tour de monde. Le monde est à voir, et des gens, à rencontrer!

Flickr photo set


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